Mon expérience de 22 ans d’enseignement a construit mon chemin et mes choix pédagogiques. Ma pédagogie s’appuie d’abord sur ma vision des bases du tango dansé, que je conçois en trois axes principaux:
1. La création
Le tango est une danse d’improvisation. C’est une création permanente, où danseurs et danseuses choisissent à chaque instant leur parcours, leurs figures, la manière de s’appuyer sur l’accent musical. Même avec un bagage très simple, par exemple en marchant et s’arrêtant dans les différents directions, une personne peut danser et improviser en créant son propre parcours et créer un dialogue avec l’autre. Les figures, les séquences où les pas de base que propose l’enseignant.e servent de base et de matière pour évoluer dans la danse. Enseignés avec l’idée de la recherche créative, ces outils chorégraphiques développent l’esprit artistique de la danse du tango.
2. Le tango est une danse de dialogue
Je choisis d’enseigner le tango que dansaient « les hommes dans la rue » à la fin du XIXe siècle, où les danseurs proposaient des pas et échangeait rôles et connaissances, avec l’idée d’alternance.
J’imagine que les femmes, beaucoup moins nombreuses à cette époque, faisaient également des propositions et jouaient activement dans la création de la danse. Comment ne pas le faire si l’ont danse profondément cette danse de liberté !
Cette vision de l’alternance, n’est pas nouvelle, mais n’est pas toujours celle choisie par une vision qui se dit « traditionnelle ». Au lieu d’établir une relation de conducteur -conduit.e, ce qui peut mener à une équivoque relation de « dominateur- dominé.e », l’objectif est de créer un espace créatif de partage entre les êtres humains.
3. La musicalité
Comprendre la musique, c’est un besoin de la personne qui danse pour pouvoir comprendre le tango dans toute sa richesse et profondeur.
L’étude de la musique du tango dans sa globalité (rythme, structure musicale, mélodie, histoire des orchestres et périodes), c’est l’un des principaux fondamentaux du tango.
Avec l’étude de la musique de tango, nous pouvons amplifier les possibilités d’interprétation de la danse et utiliser la musique comme un élément de plus dans dialogue pour le couple de danse.
Sur la «méthodologie»
Conscience corporelle
Pour se former à la danse du tango, nous avons besoin des connaissances basiques sur l’anatomie du corps et son fonctionnement. A l’identique de toute danse basée sur une technique complexe, le tango nécessite d’assurer une bonne posture que ne blesse pas dans le court ou le long terme le corps des danseuses et danseurs.
Les mécanismes du tango telles que dissociation, pivots, guidage, appuis requièrent une attention particulière dans leur apprentissage. S’ils ne sont pas faits avec une bonne technique, ils peuvent entraîner de mauvaises postures, des douleurs dans le dos, les genoux, les bras… voire des tendinites et autres tensions très importantes.
Dans les cours, je travaille sur la technique et les mécanismes du mouvement qui permettent de pratiquer et comprendre la danse à partir de son fonctionnement.
Relations enseignant – élève – savoir
Je conçois le tango comme un dialogue actif entre les êtres qui le dansent. Il va de même pour ce qui concerne la relation entre l’élève et l’enseignant. Le dialogue avec l’enseignant est primordial pour la construction du savoir.
Il n’est pas possible de transmettre une danse qui propose la liberté, la création, et le dialogue, à partir d’une pédagogie du mimétisme. Les élèves doivent pouvoir se questionner et questionner leur enseignant pour pouvoir apprendre.
L’enseignant developpe son rôle dans le dialogue avec l’élève et dans la quête de cet espace (inter) personnel pour chercher, pratiquer, se tromper, et s’affirmer dans la danse pour se l’approprier.
Le tango dans les institutions: écoles, collèges, universités et autres
Le tango est une danse qui crée des liens d’union entre les êtres humains. Il est idéal pour affirmer sa personnalité et développer l’assurance individuelle et tout ce qui a trait aux relations spatio-temporelles.
De manière générale, le tango propose la fraternité au lieu de la violence, le savoir-faire à deux.
Au lycée et à l’université, les jeunes peuvent y exprimer leur créativité et oser se montrer avec leur corps dans des situations peu habituelles de proximité et socialisation.
Dans n’importe quel espace social, la danse du tango a des effets thérapeutiques et bénéfiques, puisqu’elle cherche la transcendance de l’être, grâce à cette recherche créative de la liberté.