Dans un livre paru en 2004, Tango & gender, Magali Saikin questionne les conventions du tango – pour le moins hétéronormées. Parcourant le monde, de l’Allemagne à l’Argentine, le film de Liliana Furió prolonge avec elle ce questionnement en partant à la recherche d’autres façons d’interpréter cette merveilleuse danse rioplatense, qui a conquis la planète. Elle enrichit la réflexion grâce à Mariana Docampo (écrivaine) et Augusto Balizano (designer), organisateurs depuis 2007 du Festival international de Queer Tango à Buenos Aires. Curieuse des expériences de milongas du monde entier, Liliana Furió va à la recontre de chercheuses et de danseuses, comme la professeure et organisatrice Ute Walter, qui a lancé le premier festival de tango queer à Hambourg en 2001, la danseuse argentine Soledad Nani, Astrid Weiske, organisatrice du Queer Tango Festival de Berlin, ainsi que les jeunes voix du tango queer… Au fil des témoignages, Tango Queerido suggère que le système d’assignation de genre qui s’exprime dans les spécificités chorégraphiques du tango ne demande qu’à être réinventé. Qui mène qui mène qui ? Mène-t-on sur des talons hauts ou avec des chaussures lacées ? Avec une jupe ou un bermuda ? Le film met d’abord l’accent sur l’étreinte. L’étreinte ouverte, qui incite au changement ou à l’inversion des rôles, et où chaque couple se met d’accord a priori sur qui mène – et qui est mené. En considérant que, s’il y a des règles, elles ont tout à voir avec l’acceptation réciproque de l’action de mener, le confort et le plaisir d’être conduit par l’autre. Tango Queerido porte un regard atypique et passionnant sur le tango – et plus largement est un manifeste enthousiasmant pour plus d’inclusion, de bienveillance et de tolérance dans la culture de la danse.
Milonga suite à la projection du film « Tango queerido » à l’UTOPIA de Borderouge, Festival CUBA Hoy
samedi, 15 janvier 2022
Cinéma UTOPIA Borderouge (59, av. Maurice Bourgès-Maunoury, 31200, Toulouse)